En 2017, Me Too a permis la libération de la parole des femmes. Mais depuis 2008, un mouvement lutte déjà obstinément pour le droit des femmes. Souvent mal compris, les Femen étaient-elles en avance ? Pas si simple.
Seins nus et peintures sur le corps. Voilà à quoi le mouvement féministe des Femen, né en Ukraine en 2008, est régulièrement associé. Engagées et provocantes, elles marquent les esprits à chacune de leurs actions. Elles se définissent elles-mêmes comme « un mouvement international de femmes composé de courageuses activistes aux seins nus portant des slogans peints sur leur corps et couronnées de fleurs. » Qualifiée d’extrémistes par certains, elles sont implantées en France depuis plus de dix ans. Précurseuses, elles dénoncent les injustices commises sur les femmes : harcèlement, violence, meurtre… « Elles ont remis les femmes dans la rue à l’époque où le féminisme est plutôt un débat intellectuel et elles ont participé à un renouveau de l’activisme féminin », explique Bibia Pavard, historienne spécialisée en histoire des femmes, à nos confrères de Franceinfo. Les Femen ont un rôle indéniable dans cette libération de la parole des femmes.
Des méthodes opposées
Mais attention, si Me too utilise les réseaux sociaux notamment Twitter, les Femen utilisent leurs corps. A l’opposé de l’anonymat des réseaux sociaux. Elles se montrent et elles en sont fières. « Nos seins sont agressifs, et ils parlent ! On utilise notre corps comme un manifeste », déclare Inna Chevtchenko, une des fondatrices du mouvement. Montrer leurs seins est une nécessité pour attirer l’attention et permettre la médiatisation de leurs actions. Contrairement à ce que l’on peut penser : leur lutte ne s’arrête pas au droit des femmes. Ces « sextrémismes », comme elles se sunomment, s’attaquent aussi à la religion, à l’industrie du s.e.x.e notamment la prostitution et aux dictatures. Exemple célèbre : leur action menée contre les dirigeants Trump et Poutine à la cérémonie du 11 novembre 2018 à Paris. Dernièrement le mouvement #MeToo s’est également étendu. Aux homos.e.x.uels : #MeTooGay. Et à l’inceste : #MeTooInceste.
« #METOO, CE N’EST PAS FEMEN. #METOO, C’EST TOUTES LES FEMMES. »
Les Femen ont suivi de près l’avancée de Me Too : « On s’est réjouies, bien sûr, et on s’est dit il n’y a plus besoin de nous ! », se souvient Sarah, militante Femen à nos confrères de l’express. Les Femen ont eu l’impression d’être enfin comprises par une partie de la population. Toutefois, la militante précise « #MeToo, ce n’est pas Femen. #MeToo, c’est toutes les femmes. Ce n’était pas à nous d’être les porte-parole du mouvement, de nous l’approprier ».
Si les deux mouvements ont le même objectif : la libération de la parole de la femme, les façons de faire sont, quant à elles, complètement différentes. Le mouvement Me Too rassemble un plus large public. Les actions sont moins chocs mais elles ont plus d’impact. Beaucoup plus de femmes s’y retrouvent car moins radical. Plus de diversification. Tout le monde peut y participer sans risquer de finir en garde à vue. Me too a été critiqué pour la mise au bucher des hommes sur les réseaux sociaux. Sans apporter de preuves.
Les Femen sont critiquées. Comme tout mouvement radical. Mais ses militantes sont parfois déroutantes dans leurs paroles à l’instar de leur livre Femen sorti en 2012 : « Nos filles doivent être sportives pour endurer des épreuves difficiles, et belles pour utiliser leur corps à bon escient. Pour résumer, Femen incarne l’image d’une femme nouvelle : belle, active et totalement libre ». Un peu à l’opposé du féminisme tout de même non ?
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