Pourquoi je ne regrette pas ma réduction mammaire ? Laure nous raconte son choix

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C’est bien connu, un complexe peut nous bouffer la vie. Laure* a 25 ans. Et depuis son adolescence la jeune femme est complexée par sa poitrine qu’elle trouve trop imposante. Après des années à rêver d’une nouvelle poitrine, elle a récemment sauté le pas de la réduction mammaire. En France environ 25.000 opérations de ce type sont pratiquées chaque année. Deux semaines après son opération, notre frangine se confie sur son rapport à son corps, ses doutes et ses espoirs.

Depuis mes 16 ans, je rêve de cette opération.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été complexée par ma forte poitrine. Je la trouvais complètement en décalage avec ma morphologie. En effet, plus jeune je faisais 1m50 pour 45kg avec un 85D. Au collège, le regard des autres me pesait. Je me sentais différente de mes copines, aucune n’avait de la poitrine ou alors très peu.

À ce moment la, j’associais ma forte poitrine à mon poids. Si je perdais du poids j’allais forcément perdre des seins et ils allaient finir par disparaître. J’étais prête à tout, jusqu’à ne plus m’alimenter. En 4ème, j’en étais venue au point de ne manger qu’une seule fois par jour… En quelques semaines, j’ai perdu quatre voire cinq kilos. Mais mes seins étaient toujours là et à mon grand désespoir rien ne les faisait fondre. À l’adolescence, on veut juste être comme les autres et passer inaperçue. Moi je me faisais remarquer par ce qui me gênait le plus : ma poitrine.

Alors que j’avais seulement 14 ans, je me sentais déjà s.e.x.ualisée. En effet, avant même que je puisse me faire ma propre opinion sur ce que ma poitrine pouvait ou non représenter : tout le monde avait déjà son avis sur la question !  » Tu deviens une vraie femme « ,  » Tu veux pas mettre des décolletés ? « ,  » Évite de mettre des cols roulés ça va faire ressortir tes seins « … Conseils que l’on me donnaient sans que je n’aie demandé quoi que ce soit.

J’aplatissais mes seins pour imaginer ce à quoi je pourrais ressembler sans ces deux appendices énormes.

Dès mon plus jeune âge, j’ai fais de ma poitrine mon ennemie. Je ne l’aimais pas et elle me le rendait bien ! Elle était toujours plus imposante et handicapante. Pour disparaître, je ne mettais alors que des pulls larges, des vêtements informes et sans style. Quand je me regardais nue dans le miroir, je n’avais aucune bienveillance envers moi-même. J’aplatissais mes seins pour imaginer ce à quoi je pourrais ressembler sans ces deux appendices énormes. À l’école, les cours de natation étaient un cauchemar, les autres enfants étaient impitoyables. Un regard sur ma poitrine suffisait parfois. Des années plus tard, aller à la plage était toujours le même calvaire. Quand j’étais en maillot de bain, j’avais tout le temps la sensation que les gens ne faisaient attention qu’à ma forte poitrine, qu’ils ne voyaient que ça.

Pour trouver des sous vêtements ou des maillots de bains à ma taille c’était un vrai parcours du combattant ! Je faisais du 85E, taille qui n’existait presque pas dans les magasins à l’époque. La plupart du temps je n’avais le choix qu’entre 3 modèles de soutiens-gorges. Et puis certaines boutiques de lingerie s’arrêtaient au D ! Je passais alors des heures dans les magasins et je finissais souvent en pleurs après plusieurs heures d’essayage car rien n’était à ma taille. Je repartais la plupart du temps bredouille.

Des problèmes de santé

Au-delà des conséquences psychologiques, ma forte poitrine me causait également des problèmes de santé. Depuis que je suis jeune, je souffre quotidiennement de douleurs au dos. C’était devenu un réel handicap physique. J’avais pris l’habitude de ne jamais me tenir droite pour éviter d’avoir ma poitrine en avant. Chose qui exaspérait mon entourage ! J’avais souvent le droit à des réflexions mais ça me permettait de camoufler un peu plus mes seins aux yeux de tous.

Je n’étais pas moi-même à 100% alors qu’à 18 ans on est supposé vivre pleinement ! 

La première fois que je pense à la réduction mammaire, j’ai 16 ans. Mais je ne me sens pas prête puisque je savais que cette décision était irrémédiable. J’essayais de me convaincre que mon corps allait changer, qu’il suffisait que je me mette au sport ou que je perde du poids ! Puis les années ont passé et j’ai commencé à apprendre à vivre avec ce corps. Je mettais des hauts un peu plus moulants et même des décolletés. À ce moment-là, je décide d’arrêter de prêter attention aux regards des autres et d’être plus indulgente avec moi-même.

Mais l’opération restait toujours dans un coin de ma tête. Puisque même si j’apprenais à vivre avec, j’étais toujours dans la retenue. J’avais toujours peur d’être vulgaire. Je n’achetais pas ce body parce que j’avais peur que l’on voit trop ma poitrine, ce maillot de bain parce que j’avais peur que ça fasse « trop ». Je n’étais pas moi-même à 100% alors qu’à 18 ans on est supposé vivre pleinement ! Et puis il y a aussi le regard des hommes que je subissais au quotidien et que je ne supportais plus. Les garçons et les hommes en général sont très doués pour nous mettre mal à l’aise : les regards insistants, les remarques visées, les blagues salaces… 

C’était le bon moment pour moi de le faire 

En 2018, je commence à me renseigner sérieusement sur l’opération. Mais impossible de me faire opérer pendant mes études d’infirmière. En effet, 3 semaines de convalescence sont nécessaires après une réduction mammaire. À la fin de mes études, c’est le début de la pandémie de Covid-19. Je n’ai alors d’autres choix que de décaler mon opération de deux ans. Plus tard, je rencontre plusieurs chirurgiens spécialisés : pas question de me faire opérer chez n’importe qui ! Mais lors d’une échographie mammaire, j’apprends que j’ai un kyste bénin : la date d’opération est encore décalée. Quelle poisse !

L’intervention est enfin fixée au 24 mars 2023. Quand j’annonce mon opération à mes proches, certaines personnes ont été surprises car elles n’avaient jamais remarqué que j’avais une forte poitrine ( c’est pour dire à quel point je la dissimulais bien ! ). Globalement, je me suis toujours sentie soutenue par mes proches. Seuls deux hommes de mon entourage n’ont pas réellement accepté mon choix. Mon petit frère a vu cette décision comme un caprice car selon lui je suis trop jeune et je n’ai pas eu le temps de cheminer vers l’acception de mon corps. Mon copain de l’époque m’a aussi fait plusieurs remarques dont une qui m’a vraiment marquée :  » Tu es sûre que tu ne veux pas les garder ? Je les aime bien moi. » Mais comme j’ai toujours dit c’est mon corps ma décision !

L’opération de la réduction mammaire

Le jour de l’opération, je n’étais pas stressée. Au contraire, lorsque j’ai été admise à la clinique j’étais impatiente et contente ! L’opération s’est très bien déroulée. À mon réveil, le chirurgien m’annonce qu’il a enlevé 360 grammes du sein gauche et 330 grammes au sein droit. Le prix d’une réduction mammaire varie entre 2000€ et 5000€ selon l’importance de la réduction mammaire. Toutefois, l’opération est prise en charge par la sécurité sociale à partir du moment où l’on retire  » plus de 300 grammes de tissus  » de chaque côté. C’était un réel soulagement pour moi de savoir que l’opération allait être remboursée !

Une semaine après l’opération, je ne regrette rien. Je me sens enfin moi-même avec la poitrine que je rêve d’avoir depuis ce qui me semble être une éternité. Je suis passée d’un 85E à un 85C. Je sais que le processus de guérison vient tout juste de commencer et malgré les légères douleurs et les tiraillements je suis tellement heureuse d’avoir cette nouvelle poitrine. C’était le bon moment pour moi de le faire. Et je conseille à toutes frangines de sauter le pas si elles sentent que c’est aussi le moment pour elles !

* Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de notre frangine

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