Dans cette rubrique vie pro on a à coeur de donner la parole à toutes nos frangines pour qu’elles nous parlent de leurs métiers. Il existe tellement de professions que finalement, la plupart du temps, on ne sait pas vraiment ce qui se cache derrière les intitulés de postes ! Ici, on parle sans tabou et sans langue de bois de tous les métiers mais aussi des salaires et de la façon dont chaque frangine gère sa vie financière. Parce qu’on est toutes des guerrières et que chaque profession mérite d’être saluée !
Aujourd’hui, on a rencontré Laura, 48 ans et clerc d’avocat
Laura habite dans les Hauts-de-France et travaille dans le domaine juridique à Paris. Cette mère de famille vit avec son mari et l’un de ses 2 garçons âgé de 20 ans.
Le parcours et les études de Laura
Au lycée, Laura choisit de passer un bac G1 (techniques administratives), « car je n’étais pas douée pour les matières scientifiques ! », nous précise t-elle dans un sourire. « J’ai ensuite passé un BTS assistante de direction (option juridique) dans le cadre duquel j’ai effectué mes stages au sein d’un cabinet d’avocat. »
Une fois ses diplômes en poche, Laura* accepte un job d’assistante de la direction des ressources humaines et de la communication chez un promoteur immobilier. La jeune femme y reste 4 ans. « Puis, j’ai eu un poste de secrétaire juridique au sein d’un premier cabinet d’avocats. J’y suis restée 9 ans pendant lesquels j’ai pu élargir mes compétences. J’ai ensuite été embauchée en tant qu’assistante juridique au sein du cabinet où je suis depuis maintenant 15 ans. », explique t-elle.
« Retourner sur les bancs de l’école à 38 ans ne m’a posé aucun problème, bien au contraire ! »
En parallèle, Laura suit un cursus au sein de l’Ecole Nationale de Droit et de Procédure (ENADEP). Pendant 3 ans, la jeune femme retourne à Paris tous les samedis afin de valider son statut d’assistante Juridique. Puis, grâce à son expérience et sa curiosité, son poste évolue et elle occupe désormais la fonction de clerc d’avocat.
« Retourner sur les bancs de l’école à 38 ans ne m’a posé aucun problème, bien au contraire ! Je suis quelqu’un qui a toujours aimé apprendre. Même si l’objectif était plus tourné vers une validation des acquis, j’ai pu explorer d’autres matières que celles que je pratiquais. Cela m’a permis de rencontrer des personnes qui exercent le même métier que moi et de pouvoir échanger sur nos méthodes de travail, notre organisation, nos expériences, nos ressentis. Les échanges avec les formateurs (des avocats) ont été également très enrichissants. Si l’envie et la motivation sont là, il ne faut pas hésiter à se lancer !«
Une journée type dans la peau de Laura
Les journées de Laura sont rythmées par les urgences et les priorités. « Je commence par consulter l’agenda et prendre connaissance des mails arrivés depuis la veille. Je réponds à ceux qui ne nécessitent pas de recherches particulières. Puis, j’attaque mes piles de dossiers que j’ai pris soin de préparer en fonction des délais de procédure, des dates d’audiences, etc… »
« Je jongle entre la rédaction de divers actes de procédure (assignations, requêtes, conclusions, déclarations d’appel), le suivi des procédures en cours devant les différentes juridictions de première instance (Tribunaux Judiciaires et Tribunaux de Proximité) et de second degré (Cours d’Appel), l’ouverture des nouveaux dossiers et l’analyse des pièces transmises. »
La clerc d’avocat enregistre également les paiements d’honoraires et prépare les éléments comptables. Parfois, Laura fait face à des situations cocasses, « des défendeurs appellent à réception d’une assignation et tentent de me séduire pour arrêter une procédure diligentée à leur encontre ! Ce qui, évidemment, n’a aucune influence. Mais cela me fait toujours rire ! »
Les difficultés du métier
Laura n’a pas de collègues. Elle ne travaille qu’avec son employeur. Il lui arrive souvent de se sentir seule, « ne serait-ce qu’au moment des dernières grandes réformes judiciaires. J’ai été la seule du Cabinet à suivre les formations (à ma demande) et évidemment, je dois être en mesure de répondre à toutes les questions qui me sont posées sans toutefois bénéficier d’un appui. Prendre des congés est compliqué puisque personne ne gère à ma place, pendant mon absence, les dossiers et tâches qui me sont confiés. Je dois anticiper constamment mes départs en vacances et je stresse à l’idée de mon retour. »
Selon elle, le poste de Clerc d’Avocat est amené à disparaître. « Il y a de plus en plus de cabinets qui embauchent (à bas salaire) des assistant(e)s juridiques et leur confient des tâches de clerc. Une véritable arnaque ! »
« Mon côté perfectionniste et ma conscience professionnelle jouent en ma défaveur. »
Les relations avec son employeur sont cordiales. La clerc d’avocat tient à garder une certaine distance et à limiter leurs échanges à des échanges professionnels. « Mon employeur compte beaucoup (trop) sur moi. Je crains de lui avoir donné de « mauvaises habitudes » en acceptant de gérer ce que je ne devrais pas. Mon côté perfectionniste et ma conscience professionnelle jouent en ma défaveur.«
À part la satisfaction ressentie lors de la réception de jugements favorables à ses clients, Laura n’aime plus rien dans son métier. « C’est un métier très intéressant et enrichissant intellectuellement. Mais les personnes qui l’exercent ne sont pas reconnues à leur juste valeur ! On nous demande d’en faire toujours plus, même ce qui va au-delà de notre « fiche de poste », sans aucune reconnaissance… »
Son envie de reconversion professionnelle
Mais la clerc d’avocat compte bien reprendre sa vie en main ! En effet, depuis quelques années Laura prépare sa reconversion professionnelle.
La mère de famille souhaite devenir praticienne en massages bien-être. « Je cherchais depuis plusieurs années à me reconvertir. J’avais envisagé de me lancer dans l’évènementiel mais ce n’était finalement pas la solution pour ne plus avoir de stress ! Je me suis donc intéressée au monde du bien-être. Après le premier confinement, je me suis lancée dans des formations en massages. J’ai rencontré de très belles personnes, et la bienveillance qui règne dans ce domaine me conforte dans mon choix de suivre ce chemin. »
La gestion financière de Laura
Laura gagne 3.500 euros après déduction des impôts sur le revenu. Avec son mari et l’un de leur fils ils habitent dans une maison de 180m2. Le couple paye 1215 euros de loyer, à cela s’ajoute le remboursement d’un prêt, les impôts fonciers et le leasing de leurs 2 véhicules. Environ 3200 euros au total. Aucun budget n’est prévu pour les loisirs, « Nous fonctionnons en fonction de nos envies et de ce que nous pouvons ou non dépenser. Je n’arrive pas à me faire des petits plaisirs tous les mois. » À la fin du mois, Laura se retrouve régulièrement dans le rouge…
Laura vient tout juste d’obtenir sa certification de praticienne en massages bien-être! Elle doit maintenant trouver un peu de temps pour effectuer les démarches nécessaires à la création de son autoentreprise. « J‘exercerai, dans un premier temps, en parallèle de mon activité professionnelle de clerc d’avocat (c’est-à-dire les week-ends) jusqu’au départ à la retraite de mon employeur prévu mi 2025. Puis je me lancerai ensuite dans le grand bain, à temps plein. J’ai hâte ! Faire du bien me fait tellement de bien ! »
Nous souhaitons bonne chance à notre frangine pour sa reconversion professionnelle !
* Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de notre frangine
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