Malala Yousafzai : figure internationale de la lutte du droit des filles à l’éducation

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Malala Yousafzai s’est fait connaître très jeune, en 2009, avant ses 12 ans, par son témoignage dans un blog en ourdou sur la BBC. Elle y dénonçait les restrictions imposées aux filles par les Talibans au Pakistan, notamment en matière de scolarité et d’instruction. Victime d’une tentative d’assassinat par les Talibans en 2012, cette jeune Pakistanaise est depuis devenue un symbole. C’est la figure internationale de la lutte du droit des filles à l’éducation face à l’extrémisme. Elle a même reçu le prix Nobel de la Paix en 2014. Portrait de cette jeune femme courageuse et engagée.

L’enfance de Malala Yousafsai dans une famille militante

Elle est née au Pakistan le 12 juillet 1997, à Mingora dans la vallée de la Swat, secteur pris entre les feux des talibans et de l’armée. Malala est une petite fille engagée très tôt avec des prises de position sur l’école pour les filles. En grande partie éduquée par son père opposé aux Talibans, militant pour l’éducation et propriétaire d’une école de filles, c’est tout naturellement qu’elle prend cette cause à cœur.

Malala Yousafzai apparaît dès ses 11 ans sur le site web de la chaine britannique BBC. Sous un pseudonyme, Gul Makai, et en ourdou, elle y témoigne de la violence des talibans envers les jeunes filles qui vont à l’école. Et du combat de sa famille pour cette cause. Les Talibans brûlent les écoles et incendient leurs opposants… La famille de Malala quittera la région pendant la région d’occupation talibane.

Malgré le fait que son identité soit révélée, Malala et son père ont continué à défendre le droit des filles à l’éducation.

Malala, porte-parole des petites filles pakistanaises

Devenue très vite une porte-parole, son école sera même renommée en son honneur, une fois l’armée pakistanaise redevenue maître de la région, en mai 2009. Son père, également connu pour son opposition aux Talibans sera nommé conseiller spécial de l’ONU pour l’éducation en 2012.

Malala se fait alors connaître du grand public. Alors qu’elle accompagne son père à une conférence de presse à Peshawar, elle dénonce les talibans qui détruisent les écoles et imposent la charia.

“Les talibans n’ont pas lu le Coran, car en Islam, c’est un droit pour chaque fille et chaque garçon d’avoir accès à l’éducation.”

Interview de Malala avec Margaret Warner, octobre 2013

En décembre 2011, elle est d’ailleurs récompensée du prix national de la jeunesse pour la paix, décerné par le Premier ministre pakistanais.  

La tentative d’assassinat des Talibans contre Malala Yousafzai

Mais son engagement ne plaît pas et Malala est menacée de mort à plusieurs reprises. Le 9 octobre 2012, une tentative d’assassinat dans son bus scolaire par un Taliban la blesse grièvement, ainsi que deux autres filles. Elle a 15 ans et reçoit une balle en pleine tête. Juste parce qu’elle milite pour le droit à l’éducation.

Plongée dans le coma, l’adolescente est transférée à bord d’un avion médicalisé fourni par les Émirats arabes unis vers l’hôpital britannique de Birmingham. Par miracle, son cerveau n’est pas touché mais sa rétablissement durera quatre mois.  

A sa sortie de l’hôpital, Malala et sa famille restent vivre à Birmingham. Elle va à l’Edgbaston High School et son père obtient un emploi au consulat pakistanais de Birmingham pendant trois ans.

L’attaque revendiquée des Talibans contre Malala a été condamnée par le monde entier. Au Pakistan, plus de deux millions de personnes ont signé une pétition en faveur du droit à l’éducation. L’Assemblée nationale a ratifié la première loi sur l’éducation gratuite et obligatoire du pays.

Malala militante : son engagement pour l’éducation des filles

En 2009, alors que l’armée pakistanaise les combat, les Talibans décrètent la fermeture de toutes les écoles de filles. Voilà ce qui déclenche le militantisme de Malala Yousafzaï.

Avec son père, ils continuent à militer en faveur de l’éducation des filles. Et elle va à l’école, en dépit des menaces. Elle recevra même un don qui lui permettra d’acheter un bus scolaire. Celui-là même à bord duquel elle sera blessée en 2012.

Après son rétablissement, elle poursuit depuis le Royaume-Uni son engagement en faveur de l’éducation des filles. Avec son père, elle cofonde le Fonds Malala pour sensibiliser le monde à l’impact social et économique de l’éducation des filles et pour leur donner les moyens de réclamer des changements.

Elle devient également membre du Youth Education Crisis Committee créé par Gordon Brown, envoyé spécial des Nations unies pour l’éducation mondiale.

La fondation Malala commence à recevoir des dons dès 2013, destinés à la reconstruction d’écoles ou à l’amélioration des conditions de vie dans celles-ci.

« L’islam n’interdit pas aux filles d’accéder à l’éducation. Il incombe à chaque personne, garçon ou fille, d’acquérir une éducation et des connaissances ».

Le Fonds Malala :

  • soutient les enseignants dans les régions où la majorité des filles n’ont pas accès à l’enseignement secondaire ;
  • fait campagne pour que des politiques et des ressources y soient consacrées ;
  • relaie la parole et les récits des jeunes filles.

Une icône de la lutte pour le droit à l’éducation 

Avec la médiatisation de son histoire, l’adolescente est devenue une héroïne et une icône du combat pour le droit à l’éducation.

En 2009, un documentaire a d’ailleurs été réalisé sur elle. Puis en 2012, l’hebdomadaire américain Time fait figurer Malala dans sa liste des cent personnalités les plus influentes du monde.

Le 12 juillet 2013, jour de ses 16 ans, l’ONU crée l’évènement Malala Day. Le but est de défendre l’éducation dans le monde et en particulier celle des filles. Elle y lance un appel à l’éducation pour tous les enfants dans son premier discours en public depuis la tentative d’assassinat.

« Nos livres et nos stylos sont nos armes les plus puissantes. Un enseignant, un livre, un stylo peuvent changer le monde ».

Ce plaidoyer est salué par une ovation debout de l’assemblée.

Et en 2015, elle fait l’objet d’un documentaire de Davis Guggenheim intitulé « Je m’appelle Malala » et évoquant son enfance. Il a été tourné pendant 18 mois, dans différents pays (Kenya, Royaume-Uni, Abu Dhabi et Jordanie)

Les prix et honneurs reçus par Malala Yousafzai

A partir de 2011, elle reçoit de nombreux prix récompensant son engagement.

Le 19 décembre 2011, elle reçoit le premier prix national de la jeunesse pour la paix du gouvernement pakistanais, des mains du Premier ministre. Cette distinction est par la suite renommée « prix Malala » pour les moins de 18 ans.

En décembre 2012 elle reçoit le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes.

En septembre 2013, à Dublin, elle reçoit le prix Ambassadeur de la conscience, le plus prestigieux décerné par Amnesty International. Mais aussi le Prix des droits de l’homme des Nations unies et le Prix international de Catalogne.

Le 20 novembre 2013 lui est attribué à Strasbourg le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit du Parlement européen. Elle en devient la plus jeune lauréate depuis sa création.

« De nombreux enfants n’ont rien à manger ni à boire, mais ils sont avides de savoir. Il est scandaleux que 57 millions d’enfants soient privés d’éducation […]. Cet état de fait doit réveiller notre conscience » déclare Malala aux représentants des 28 États membres devant un Parlement bondé en présence de tous les lauréats du prix Sakharov rassemblés à l’occasion du 25e anniversaire du prix.

Le 10 octobre 2014, elle devient le co-lauréat du prix Nobel de la paix 2014, avec le militant indien Kailash Sankhala. « Pour leur combat contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous les enfants à l’éducation ». En acceptant le prix Nobel à Oslo, elle s’est dite « humble » et fière d’être la première Pachtoune et la première Pakistanaise à remporter le prix.

“Je n’avais que deux options. La première était de me taire et attendre d’être tuée, la deuxième était de parler haut et fort et me faire tuer. J’ai choisi la seconde option.”

Discours pour l’obtention du Prix Nobel de la Paix, 10 octobre 2014

En 2017, elle est nommée par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, pour devenir la plus jeune Messagère de la paix. Sa mission est de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de l’éducation des filles.

Une icône médiatique

Dès son arrivée au Royaume-Uni, elle a bénéficié du soutien de stars internationales ou d’hommes politiques. Son livre, Moi, Malala, je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans, est lancé dans 21 pays simultanément en octobre 2013. La presse et la télévision britannique et américaine lui consacrent des articles et des émissions. Elle est alors prise en charge gratuitement par une grande agence de communication britannique, Edelman.

Mais ce n’est pas au goût de tous et sa notoriété internationale suscite vite des polémiques dans son pays. Certaines voix au Pakistan dénoncent son « instrumentalisation » par des forces occidentales. En jeu : des drones américains tuant des enfants dans les zones pachtounes frontalières.

En octobre 2013, reçue à la Maison blanche, Malala demande à Barack Obama de cesser ces attaques de drones dans les régions tribales du Pakistan. Elle rencontre également la reine Élisabeth II.

La vie de Malala Yousafzai depuis 2017

Que devient Malala Yousafzai depuis qu’elle a été nommée Messagère de la Paix par l’ONU ?

En 2017, elle reçoit la citoyenneté canadienne honoraire. C’est un honneur attribué à des étrangers de mérite exceptionnel, comme avant elle Nelson Mandela ou le Dalaï-lama.

Malala est devenue étudiante, diplômée et s’est mariée.

Elle étudie au Lady Margaret Hall College de l’université d’Oxford la politique, la philosophie et l’économie de 2017 à 2020, année où elle obtient son diplôme.

Elle a utilisé la dotation du prix Nobel de la paix pour fonder une école dans sa ville natale. L’école est inaugurée en mars 2018 et Malala Yousafzaï s’y rend peu après. Il s’agit de son premier voyage au Pakistan depuis l’attaque par les talibans dont elle a été victime.

Le 9 novembre 2021, elle se marie à Birmingham avec Asser Malik, un cadre de l’industrie du sport, par la cérémonie de nikkah. A 24 ans, Malala a partagé cet événement sur ses réseaux sociaux, déclarant que c’était  » un jour précieux  » dans sa vie et publiant plusieurs photos de la cérémonie sur son compte Twitter.

Tout en étudiant, elle a poursuivi son combat pour l’éducation des filles. Aujourd’hui diplômée et mariée, elle continue à le porter dans le monde entier partout où elle le peut. Combat d’autant plus fort et urgent depuis le retour au pouvoir des Talibans en Afghanistan depuis 2021…

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