Marine, créatrice de prothèse mammaire pour les femmes atteintes de cancer du sein

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À 30 ans, Marine est gérante de son entreprise de dermopigmentation et créatrice de prothèses mammaires en silicone pour les femmes atteintes de cancer du sein et maladies périnéales dans le Var. Elle nous raconte son parcours, sa passion pour son métier mais aussi les répercussions de son endométriose sur son travail !

Son parcours

Ma scolarité n’a pas été des plus simples. À 16 ans, j’ai entamé un CAP commerce, mais rapidement, l’ennui m’a poussée à l’arrêter. En 2011, je passe le concours de gendarme adjoint volontaire, avec succès, intégrant ainsi l’institution à 18 ans. Pendant plusieurs années, j’ai servi en tant que GAV, mais j’ai ressenti le besoin de m’ouvrir à d’autres horizons tout en maintenant un lien avec la réserve de la gendarmerie, par peur de perdre ma volonté d’aider les autres.

J’ai poursuivi mes études avec un BTS MUC, que j’ai validé. Cependant, le monde du commerce pur m’ennuie ! Je décide de multiplier les formations, essayant les ongles et les extensions de cils. Mais l’aspect artistique des ongles m’intéressait davantage, tandis que les demandes étaient majoritairement pour des poses classiques… Je me tourne alors exclusivement vers les extensions de cils.

Mais tout a changé lorsqu’une amie me recrute dans un studio proposant la dermopigmentation. Ce fut une révélation pour moi ! Enfin, je pouvais répondre à des besoins concrets, aider les autres, que ce soit pour dissimuler une cicatrice ou reconstruire des lèvres.

En 2020, après le confinement, je suis des formations auprès d’experts du domaine, me spécialisant dans la reconstruction. Je vibre par ces prestations. Vois les yeux de mes patients briller, écouter leurs histoires, les reconstruire… C’est tout ce qui m’importe !

Les conséquences de l’endométriose

marine

Fin 2021, je tombe gravement malade, sans recevoir de prise en charge médicale adéquate. Entre Noël et le Nouvel An, je fais un AIT (accident ischémique transitoire), et malgré les médicaments, aucun médecin ne sait ce dont je souffrais. Je perds progressivement ma vie sociale, professionnelle et personnelle. Travailler devient alors impossible pour moi.

En février 2022, je subis une première opération qui est interrompue en raison de la gravité de ma situation. Les médecins me diagnostiquent une endométriose de stade 4, une forme très avancée et très handicapante de la maladie.

Puis, en avril 2022, une deuxième opération, une intervention de sept heures, orchestrée par trois chirurgiens, a lieu. À la suite de cette opération, les professionnels de santé soulignent l’importance de la rééducation pour ma récupération. C’est ainsi qu’on me conseille des séances de kiné périnéale.

J’ai tenté de retrouver un semblant de normalité, de reprendre le travail, mais malheureusement, dans cette bataille acharnée, j’ai perdu la passion qui m’animait auparavant…

« C’est alors qu’elle me parle d’un projet de lieu regroupant plusieurs disciplines, dédié aux femmes comme moi, touchées par des maladies périnéales ou le cancer du sein. »

En rencontrant ma kinésithérapeute deux fois par semaine, nos échanges prennent une tournure inattendue. Je lui confie que mon métier consiste à reconstruire les gens, mais que, malheureusement, je ne ressens plus vraiment ni la force ni l’envie de le faire… C’est alors qu’elle me parle d’un projet de lieu regroupant plusieurs disciplines, dédié aux femmes comme moi, touchées par des maladies périnéales ou le cancer du sein. Ce projet vise à offrir un soutien à la fois psychologique et physique. L’idée commence à résonner en moi !

En août, consécutivement à ces interventions chirurgicales, je subis une importante éventration, nécessitant une autre opération en novembre 2022, prolongeant ainsi mon arrêt.

Arrive décembre 2022, et le projet initié par ma kiné Barbara prend de l’ampleur. Elle m’en parle concrètement : « Aimeriez-vous faire partie de l’équipe en tant que dermo-réparatrice ? » C’est un grand OUI pour moi. Alors que je commençais à perdre espoir dans ma lutte contre la maladie, une lueur d’espoir jaillit à travers ce centre. Durant ces longs mois de convalescence, j’essaie alors de ne pas laisser s’effacer ma passion pour ce métier.

Par chance, je tombe par hasard sur une formation en prothèses de mamelon en silicone, qui tombe parfaitement avec l’ouverture imminente du centre. Sans hésiter, je m’y inscris. Le centre voit le jour en avril 2023, et c’est en mai de cette même année que je me forme pour les prothèses.

« Pour une simple mastectomie, je prends le sein sain comme modèle pour recréer le mamelon. »

C’est une véritable révolution dans le chemin de la reconstruction après un cancer du sein et une démarche vers la restauration de leur féminité (et même de la masculinité, car 1% des hommes sont aussi touchés).

La prothèse est externe, n’implique aucune douleur due à la colle sur la peau, grâce à l’utilisation d’une colle hypoallergénique. Aujourd’hui plus besoin d’attendre des mois pour obtenir un tatouage en 3D de l’aréole. Mon objectif : être la touche finale, la dernière étape de leur reconstruction pour leur redonner des mamelons en 3D.

Pour une simple mastectomie, je prends le sein sain comme modèle pour recréer le mamelon. Ce sera le leur. Pour les personnes ayant subi une double mastectomie, je constitue un catalogue de donneurs et donneuses pour choisir ensemble en fonction de la carnation et de la taille souhaitées. Ensuite, je contacte le donneur ou la donneuse pour créer le moule. Une fois le moule créé, je procède à la construction pas à pas pour parvenir au résultat final.

« Je pleure, de part leurs histoires, j’angoisse et je le vis avec elle. »

Ce métier m’apporte beaucoup, surtout dans la reconstruction de la femme. Ça me permet de mettre une petite pierre à l’édifice dans leurs reconstructions et de les soutenir, les écouter, chose qui parfois dans leurs quotidiens n’est pas toujours évidente que ça soit par la famille ou le personnel médical.

Je pleure, de part leurs histoires, j’angoisse et je le vis avec elle. J’ai ce besoin viscéral depuis toujours d’aider, et plus particulièrement, la femme. C’est également une certaine thérapie pour ma part, qui me permet d’avoir un but humain et d’avancer dans mon parcours de santé et dans une vie qui ne gâte pas toujours et où il faut se battre en permanence. Je voulais mettre cette force que j’ai et cette envie à profit de l’autre. On a tous besoin d’une oreille, et je suis leur oreille et avec les mamelons, je suis la cerise sur leurs gâteaux !

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