Dans cette rubrique vie pro on a à coeur de donner la parole à toutes nos frangines pour qu’elles nous parlent de leurs métiers. Il existe tellement de professions que finalement, la plupart du temps, on ne sait pas vraiment ce qui se cache derrière les intitulés de postes ! Ici, on parle sans tabou et sans langue de bois de tous les métiers mais aussi des salaires et de la façon dont chaque frangine gère sa vie financière. Parce qu’on est toutes des guerrières et que chaque profession mérite d’être saluée !
Aujourd’hui on a rencontré, Marion, 26 ans et libraire
Depuis toute petite, Marion a toujours écrit et fabriqué ses propres livres. Aujourd’hui la jeune femme est libraire. Même si ce n’était pas réellement le plan de base.
Le parcours et les études de Marion
Petite, Marion écrivait des histoires sur des feuilles qu’elle reliait ensuite. « Je faisais ça sous différentes formes. Ça allait de projet de magazine à celui de la bande dessinée en passant par les livres d’art et les romans. Je fourmillais de projets de livres que je concevais et fabriquais du concept jusqu’au « produit fini » en créant différentes couvertures et différents ouvrages.« , nous explique t-elle.
Après son BAC, l’étudiante part dans une école de mode. Mais suite à un burn-out, la jeune femme arrête tout et s’inscrit dans une licence d’histoire de l’art. « Après avoir obtenu ma licence, j’ai été refusée dans tous les masters qui m’intéressaient ! Je me suis alors inscrite dans une licence plutôt par défaut nommée Culture antique et monde contemporain. Malheureusement, j’ai très vite été en arrêt maladie et je n’ai pas pu finir l’année… »
Marion finit par trouver par hasard une annonce pour un service civique dans une librairie. Elle y travaille pendant un an, « Je pensais que cela allait consolider mon dossier pour des admissions dans des masters ! » À la fin de son service civique, une de ses collègues démissionne, et Marion décide de continuer l’aventure en CDI.
« Mon objectif était de devenir indépendante et sortir des études pour me lancer dans la vie active le plus rapidement possible. Le second était de pouvoir booster mes dossiers de candidatures pour des masters en édition en faisant ce service civique. Mais lorsque j’ai constaté que la plupart des postes dans ce milieu étaient rares et s’obtenaient en interne, il m’a semblé plus avisé de rester dans ce milieu plutôt que d’en sortir pour essayer d’y entrer à nouveau. » Accepter ce CDI est alors pour Marion le meilleur moyen de pouvoir atteindre ses objectifs professionnels et personnels.
La pluralité du métier de libraire
À la librairie, Marion travaille de 12h à 19h30. La jeune femme appelle les clients qui ont passé commande, conseille, encaisse… « Lors des moments d’alcamie, j’en profite pour faire un tour des rayons dont je suis responsable pour ranger, remettre de l’ordre, faire le point sur ce qu’il faut commander. Parfois on me met aussi sur des projets pour réfléchir à une nouvelle organisation du magasin et aux événements à venir ! »
Une autre partie du travail de la libraire (plus occasionnelle) consiste à faire de la relecture pour la maison d’édition. « En général je mets trois jours selon la grosseur du livre. C’est un travail que je fais depuis chez moi. Je relis tout le manuscrit brut et je rajoute mes notes, je relève les coquilles, fautes d’orthographe et grammaticales.«
Dans son métier, Marion aime les rencontres qu’elle peut faire et le conseil personnalisé avec les clients de la librairie. « Certaines personnes viennent et se confient à nous. J’aime être là pour les écouter et les orienter vers ce dont elles ont besoin. Mais ce que je préfère c’est lorsque l’on me demande de réfléchir à de nouvelles idées, que ce soit des projets ou des événements pour le magasin ou pour la partie éditoriale. C’est vraiment ce qui me motive le plus et ce vers quoi j’ai envie de tendre. »
« Certaines personnes nous dénigrent ouvertement parce que nous ne sommes « que » des vendeuses et donc nous devrions être à leur service. »
Toutefois, tout n’est pas rose pour la jeune libraire. Il lui arrive fréquemment de rencontrer des difficultés avec certains des clients. « Il y a bien évidemment les clients malpolis et agressifs qui ne respectent pas les produits (ouvrent et abîment des livres emballés, salissent les livres…) et qui ne nous respectent pas non plus. Il nous arrive régulièrement d’avoir affaire à des personnes qui font des scandales et deviennent agressives. Certaines personnes nous dénigrent ouvertement parce que nous ne sommes « que » des vendeuses et donc nous devrions être à leur service. Pour eux il suffit juste de savoir mettre ses propres limites et de remettre les choses à leur place tout en restant respectueux. »
Pendant son travail, Marion fait également face à une autre catégorie de personnes, celle avec laquelle elle se sent le plus en insécurité, « celle des personnes que j’appellerais « déséquilibrée ». Ça peut aller des gens qui téléphonent (ou qui viennent sur place) pour exposer leurs théories du complot et entrer dans des débats, jusqu’aux personnes vraiment perturbées qui peuvent devenir très vite menaçantes physiquement et verbalement. Les insultes ne sont pas rares quelle que soit la catégorie de personne, mais celles des personnes « déséquilibrées » m’effraient particulièrement. Elles sont imprévisibles et perturbent les clients autant que les personnes qui travaillent ici. Il est arrivé, pour certains cas, qu’on ait à appeler la police lorsque les personnes étaient menaçantes et qu’elles refusaient de s’en aller. »
« Écouter, donner des clefs concrètes et accompagner des personnes dans leur processus intérieur est une chose qui est naturelle et qui me tient à cœur.«
Un autre aspect compliqué pour la libraire est d’avoir l’impression de ne pas être suffisamment sur des projets qui l’intéressent, notamment les évènements et le milieu de l’édition. « J’ai parfois l’impression d’être insignifiante et en étant jeune c’est quelque chose qui est difficile à gérer. Mais il faut savoir accepter qu’il y a un début à tout et ne pas perdre de vue ses objectifs.«
Dans le futur la jeune femme souhaite devenir éditrice ou psychologue. »Pour moi les sociétés sont construites sur la base de leur culture qui se transmet principalement par le biais des produits intellectuels tels que des livres. L’édition pour moi est un moyen de faire partie de cette chaîne de transmission intellectuelle, de faire entendre ma voix et ce qui me tient à cœur en accompagnant notamment des personnes qui ont aussi des choses à dire dans la naissance de leur projet littéraire. »
Concernant la psychologie, c’est sur ses mêmes principes d’accompagnement, d’émergence et de naissance que Marion base son intérêt. « Écouter, donner des clefs concrètes et accompagner des personnes dans leur processus intérieur est une chose qui est naturelle et qui me tient à cœur. C’est d’ailleurs l’aspect que je préfère dans mon travail actuellement. J’aime lorsqu’une personne choisit de me faire confiance en s’ouvrant à moi et que je puisse lui trouver l’outil qu’il lui faut pour l’aider et la soutenir. Ce sont ces arguments et cet amour pour l’humain qui nourrissent ma réflexion sur le fait de devenir psychologue un jour.«
La gestion financière de Marion
Marion gagne 1300 euros par mois. Elle habite seule dans un appartement de 25m2 en région parisienne. La jeune femme a fait une demande auprès de la CAF pour toucher les APL et la prime d’activité. Concernant les loisirs, Marion a un budget d’environ 20/30 € par mois, « et encore je ne sors pas tous les mois. J’y inclue: restaurant, shows de drag queen, verres le soir, soirées éventuelles, cinéma. Le shopping et l’esthétique ça va dépendre de mes besoins prioritaires et ils resteront des besoins exceptionnels. Si je n’en ai pas besoin je ne vais pas y aller spontanément et je préférerais épargner ou avoir un matelas : frais médicaux à avancer, psychothérapie… » À la fin du mois, la jeune femme est généralement dans le vert (sauf dépenses exceptionnelles).
Ces dernières années, Marion a réussi à mettre de côté une épargne de 2500 euros. Toutefois, la jeune femme s’empêche de se projeter dans quoi que soit. « Les « grands projets » qui sommeillent en moi seraient de pouvoir un jour acheter ou faire construire une maison/ un appartement, de monter mon entreprise et aussi pouvoir fonder une famille. Mais pour le moment ce ne sont pas des projets envisageables de manière concrète et réaliste. »
Aujourd’hui, Marion se consacre à son envie de reconversion professionnelle. Éditrice ou psychologue ? Nous lui souhaitons bonne chance et avons hâte d’avoir de ses nouvelles !
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