Mélanie, chauffeur livreur, « Les femmes ont de grandes ressources qu’elles ignorent par manque de confiance ou de spontanéité. »

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Dans cette rubrique vie pro on a à coeur de donner la parole à toutes nos frangines pour qu’elles nous parlent de leurs métiers. Il existe tellement de professions que finalement, la plupart du temps, on ne sait pas vraiment ce qui se cache derrière les intitulés de postes ! Ici, on parle sans tabou et sans langue de bois de tous les métiers mais aussi des salaires et de la façon dont chaque frangine gère sa vie financière. Parce qu’on est toutes des guerrières et que chaque profession mérite d’être saluée !

Aujourd’hui, on a rencontré Mélanie, 32 ans et chauffeur livreur

Mélanie habite dans les Yvelines dans une maison de 80m2. La jeune femme fait partie des rares femmes à être chauffeur livreur.

Le parcours et les études de Mélanie

Au lycée, Mélanie fait ses études dans le domaine équestre. Après avoir obtenu son BAC Pro, la jeune femme décide d’arrêter et d’abandonner son rêve d’enfant de travailler avec les chevaux, « pour cause financière mais aussi car le milieu est trop axé sur la compétition« , explique Mélanie. Une fois son BAC en poche, elle commence alors une licence d’histoire, « que je n’ai pas obtenue car je n’ai pas fini l’année ». En parallèle de ses études, la jeune femme travaille en tant que serveuse dans les chaînes de restauration.  » J’ai également été surveillante en collège et aide ménagère. À l’époque, j’habite chez mes grands-parents, je vais m’occuper deux pendant 10 ans au quotidien en parallèle de mes études et boulots. » Mélanie intègre ensuite une formation d’auxiliaire de puériculture. Une fois diplômée, la jeune femme travaille dans des structures d’accueil pour des enfants de 2 mois à 3 ans pendant environ 5 ans.

 » Après le décès de mon grand père en 2017, je quitte le monde de la petite enfance et je deviens intérimaire en enchaînant différentes missions jusqu’à la crise Covid, qui me mettra (comme beaucoup j’imagine) au chômage.« , confie Mélanie.

À l’été 2019, Mélanie fait alors des livraisons clients au black dans l’entreprise de son conjoint, un magasin de vente de pièces automobiles détachées. En septembre de la même année, elle signe un CDD de 1 an dans une crèche à côté de son domicile. « J’y suis restée pendant 6 mois puis j’ai été embauchée en janvier 2020 dans l’entreprise de mon conjoint. Il cherchait un livreur et connaissant déjà les clients et les trajets, je me suis proposée au poste. « , nous explique t-elle.

Une journée dans la peau de Mélanie

Mélanie commence à 8h30 pour une journée bien remplie. C’est elle qui ouvre le magasin, réceptionne les colis, trie et dispatche des pièces reçues entre les pièces à livrer aux clients et les pièces pour les ateliers. Puis la jeune femme accueille les clients pour les rendez-vous et répond au téléphone.

Dans la matinée, Mélanie part en livraison, trie des pièces récupérées chez les clients pour retours fournisseurs, effectue les avoirs et les encaissements des factures réglées par les clients. Pendant la pause déjeuner, elle va manger chez sa grand-mère, qui habite deux villages à côté et dont elle continue à s’occuper.

L’après-midi, la jeune femme repart en livraison et démarche les clients. À son retour, elle contacte des fournisseurs pour les retours de marchandise, prépare des colis, commande des stocks de pièces vendues dans la journée… « Selon le rythme de commandes pour les livraisons, il est aussi possible que je reste au magasin pour faire du ménage et du rangement. Ou encore il arrive que je remplace un collègue absent au comptoir pour les ventes aux clients particuliers ou que je gère certaines tâches administratives. »

« Comme je suis sa femme, il est plus exigeant avec moi... »

La jeune femme aime l’autonomie que lui confère son poste, les responsabilités, le relationnel et la confiance qui la lie à ses clients. « Je dirais aussi que c’est un point positif de travailler avec mon conjoint du fait de ma pathologie : je suis atteinte d’endométriose diagnostiquée il y a 3 ans et lorsque je suis trop souffrante ou épuisée, il fait en sorte que je puisse me reposer et me laisse rentrer chez nous.« , explique Mélanie.

Mais certains agissements de ses clients rendent les journées difficiles, « majoritairement des hommes, qui pensent tout savoir sur l’automobile de part leur s.e.x.e et qui sont donc très machos et parfois insultants ! » Lorsqu’elle est en livraison, certains ont des comportements capricieux, « ils peuvent avoir des accès de colère et se montrer violents parce que je suis une femme. », explique Mélanie.

qualités chauffeur livreur

Si travailler avec son conjoint est un point positif, Mélanie confie aussi que tout n’est pas toujours rose, « Comme je suis sa femme, il est plus exigeant avec moi… Il peut me prendre la tête pour des choses futiles alors qu’il ne le ferait pas avec mes collègues. J’ai aussi l’impression d’être surveillée constamment sur mon travail. Je fais des heures supplémentaires non rémunérées et je ne me sens pas valorisée financièrement du travail accompli… »

« Ma santé ne me permettra pas de continuer à exercer ce métier et honnêtement je ne le souhaite pas même si j’aime ce que je fais. »

Pour Mélanie, il est nécessaire d’avoir plus de femmes dans les domaines dits « masculins », notamment dans le métier de chauffeur livreur. « Les femmes ont de grandes ressources qu’elles ignorent peut être par manque de confiance ou de spontanéité. Dans ce job, on accueille tout type de public et de s.e.x.e. Il est important selon moi que des femmes soient dans le milieu également afin d’apporter de la bienveillance, de l’écoute, de la compréhension, de la douceur, de l’organisation. Et aussi de montrer qu’on a des connaissances et du courage autant que les hommes !« 

Selon elle, le domaine de l’automobile est riche et propose divers postes avec ou sans qualifications particulières. « Nous avons souvent des candidatures spontanées pour le poste de vendeur. Avec un peu de culot et de bagout, on peut y arriver ! Moi je ne connaissais absolument rien à l’automobile et aujourd’hui je suis riche de connaissances théoriques (on va laisser la mécanique aux personnes qualifiées quand même) », dit-elle dans un sourire.

Quant à elle, Mélanie ne voit pas d’évolution de son poste à court ou long terme,  » Ma santé ne me permettra pas de continuer à exercer ce métier et honnêtement je ne le souhaite pas même si j’aime ce que je fais. »

La gestion financière de Mélanie

Mélanie gagne 1524€ net/mois, et habite dans une maison de 80m2 dans les Yvelines. La jeune femme dispose de l’aide de la CAF avec la prime d’activité d’un montant de 71 euros mensuel. Elle dépense chaque mois entre 50 et 150 euros pour les courses, entre 100 et 150 pour les assurances, les forfaits téléphoniques et internet et 80 euros pour son essence. Concernant ses loisirs, la jeune femme pratique du yoga une fois par semaine, 20 euros le cours, et de la boxe.  » Je suis fumeuse donc tous les 2/3 jours, mon argent part en fumée ! », confie également Mélanie.

Mais la jeune femme a également de nombreuses dépenses liées à l’endométriose. Notamment des rendez-vous médicaux spécifiques (naturopathe, ostéo, phytothérapeute) ou encore des traitements thérapeutiques par les plantes. Ces rendez-vous et traitements ne sont toujours pas pris en charge par la mutuelle… Alors qu’en France, on estime qu’entre 2 et 4 millions de femmes sont concernées par la maladie, selon le ministère des Solidarités et de la Santé.

Tout récemment, Mélanie vient de quitter son conjoint et son métier de chauffeur livreur. Elle commence un nouveau travail dans l’aéronautique dans 3 semaines. « Lors de l’entretien j’ai mentionné la maladie avec ses conséquences en milieu professionnel et malgré tout, l’équipe m’a accueillie à bras ouverts de façon très bienveillante. Ça m’a vraiment rassurée et reboostée ! Ils sont prêts à aménager mes heures de travail et me passer sur des semaines de 4 jours/5 si j’en ressens le besoin. », explique Mélanie.

Avec ce job, Mélanie souhaite retrouver une stabilité professionnelle et financière. Elle a ensuite pour projet de monter sa propre boite, « Je voudrais créer mes propres bougies à la cire végétale et les commercialiser ce qui me permettrait d’agencer mes horaires et mon temps de travail, d’aller à mon rythme mais surtout de ne rendre de compte à personne et de ne pas être dans l’appât du gain. Si je peux en vivre ça serait génial mais c’est surtout une expérience ! »

On souhaite bonne chance à notre frangine pour le futur !

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