Muriel, 42 ans : D’institutrice maternelle à auto-entrepreneuse « Je ne me verse pas encore de salaire »

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Dans cette rubrique vie pro on a à coeur de donner la parole à toutes nos frangines pour qu’elles nous parlent de leurs métiers. Il existe tellement de professions que finalement, la plupart du temps, on ne sait pas vraiment ce qui se cache derrière les intitulés de postes ! Ici, on parle sans tabou et sans langue de bois de tous les métiers mais aussi des salaires et de la façon dont chaque frangine gère sa vie financière. Parce qu’on est toutes des guerrières et que chaque profession mérite d’être saluée !

Aujourd’hui, on a rencontré Muriel, 42 ans et auto-entrepreneuse depuis peu

muriel confectionneuse de bougie

Muriel a 42 ans et vit à Enines, un petit village perdu dans la province du Brabant Wallon, en Belgique. Elle vit avec sa soeur dans une grande maison d’une surface de plus ou moins 250m² qu’elles ont acheté ensemble il y a 13 ans et dont les mensualités s’élèvent à 450€ par mois chacune.

D’institutrice à auto-entrepreneuse dans la création de bougies et de cosmétiques

« Quand on m’a découvert cette maladie auto-immume, je me suis réorientée. »

Quand elle était petite, Muriel rêvait de s’occuper d’enfants et notamment, des tout-petits. Rêve qu’elle a réalisé plus tard puisqu’après ses études, elle est devenue institutrice de maternelle et ce, pendant un peu plus de 10 ans.

Malheureusement, alors qu’elle s’épanouit dans son métier, on lui diagnostique une sclérose en plaques, une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central. Continuer sa profession de professeure des écoles devient alors impossible.

Muriel ne baisse pas les bras pour autant. « Quand on m’a découvert cette maladie auto-immume, je me suis réorientée. J’ai alors fait une formation en naturopathie qui est l’une de mes passions. Et cela m’a amenée à la création de bougies et de fondants parfumés, de cosmétiques solides. Tous bio et vegan. » nous explique-t-elle.

La journée type de Muriel en tant qu’artisane

« Mes journées sont rythmées en fonction de la fatigue due à ma maladie. »

Muriel nous explique que pour elle, il n’y a pas de journée type, notamment à cause des douleurs et de la fatigue provoquées par sa sclérose en plaques. Elle nous raconte :

« J’ai des soucis de santé donc mes journées sont rythmées en fonction de la fatigue due à ma maladie. Mais une journée type commence toujours par un bon café ! J’allume ensuite ma fondeuse à cire, car elle a besoin d’un peu de temps pour être prête… Puis je regarde mes mails professionnels, j’y réponds lorsque c’est nécessaire. Je prépare mon matériel pour les produits que j’ai à confectionner ce jour-là selon qu’il s’agisse de bougies, de fondants ou de cosmétiques. Quand la fondeuse est prête, je commence à préparer mes produits. Il y a toujours un temps de repos pendant lequel je ne peux pas bouger les produits préparés. Du coup, le reste de la journée est consacrée à la préparation des commandes. Certains jours, je dois aller déposer les colis pour l’envoi, environ deux fois par semaine. Et puis, il y a toujours des moments de repos car ma santé m’y oblige « 

Les kiffs et les désagrément de l’entreprenariat selon Muriel

Ce que Muriel préfère dans sa nouvelle vie d’entrepreneuse, c’est la partie « pratique », les opérations manuelles.

« Ce que j’aime par-dessus tout, c’est toucher les matières premières, les assembler, les sublimer pour obtenir un nouveau produit qui sera utile à quelqu’un. »

Mais aussi, savoir qu’elle offre un peu de bien-être à ses clientes et clients. « Je souhaite vraiment leur montrer, à travers mes créations, que la nature nous offre une multitude d’éléments qui peuvent nous faire beaucoup de bien et améliorer notre vie.« 

Mais l’entreprenariat, ce n’est pas que du kiff et cette nouvelle entrepreneuse en reconversion le sait : « Je déteste la paperasse, les déclarations de TVA, d’URSSAF, d’impôts en tout genre ! Ce qui est pénible aussi à réaliser, ce sont les fiches dé sécurité des produits. C’est indispensable mais c’est vraiment long à faire !« .

« quand je pourrai me verser un salaire, je perdrai une partie de mes allocations de personnes malades. »

Pour le moment, Muriel ne peut pas encore se verser de salaire avec son entreprise. Elle touche néanmoins des allocations d’affection longue durée d’un montant de 1200€ par mois en rapport avec sa maladie. Elle explique : « quand je pourrai me verser un salaire, je perdrai une partie de mes allocations de personnes malades. » C’est assez terrible quand on y pense et cela ne pousse clairement pas à entreprendre, la force et le courage de Muriel ne nous impressionnent que plus !

La gestion financière de Muriel

Comme nous l’avons dit plus haut, Muriel perçoit 1200€ d’allocations mensuelles pour sa maladie et ne peut pas encore se verser de salaire. Niveau charges, elle paie 450€ de mensualités, 200€ de courses alimentaires, environ 100€ pour l’électricité, l’assurance et le téléphone et enfin, 30€ de transport.

A la fin de chaque mois, le compte de Muriel n’est pas dans le rouge mais n’est que rarement dans le vert. « On est plus proche du blanc, c’est limite chaque mois mais je maintiens la tête hors de l’eau. J’ai la chance d’avoir une soeur qui m’aide au niveau des charges de la maison et qui a la gentillesse de payer un peu plus de charges que moi pendant la création de mon entreprise, comme je ne suis pas encore rentable.« 

Elle s’accorde de temps en temps un petit plaisir shopping ou une virée chez le coiffeur ou l’esthéticienne. « Mais ce n’est pas possible tous les mois » ajoute-t-elle « et le reste, c’est mis en pause pour le moment« .

Quant à son épargne, elle nous explique qu’elle en avait une avant, de 15 000€, qu’elle a utilisée pour les frais d’installation et d’achat de matériel pour créer son entreprise.

Comment Muriel voit l’avenir de son entreprise de créations artisanales

Quand on demande à cette confectionneuse de produits artisanaux si elle inciterait les jeunes à faire le même métier, elle répond : « Pas au début de leur carrière professionnelle. C’est un métier magnifique mais c’est un travail solitaire. Je pense qu’il est important d’avoir un parachute. Pour entreprendre comme je le fais, il faut avoir l’envie et les épaules pour travailler seul.e, prendre ses décisions seul.e, avoir conscience qu’on peut se planter parfois sans pour autant en ressortir anéanti.e« .

Elle croise les doigts pour que son entreprise prospère et lui permette de vivre de sa passion ! Son rêve ? Percevoir assez de revenus pour entreprendre des travaux chez elle et se créer ainsi un nouvel atelier, plus grand et plus pratique. Et pourquoi pas, un jour, avoir un magasin physique.

C’est tout ce qu’on lui souhaite !

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