Stéphanie contrôleuse qualité, « Il nous faut des jeunes qui prennent la relève ! »

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Dans cette rubrique vie pro on a à coeur de donner la parole à toutes nos frangines pour qu’elles nous parlent de leurs métiers. Il existe tellement de professions que finalement, la plupart du temps, on ne sait pas vraiment ce qui se cache derrière les intitulés de postes ! Ici, on parle sans tabou et sans langue de bois de tous les métiers mais aussi des salaires et de la façon dont chaque frangine gère sa vie financière. Parce qu’on est toutes des guerrières et que chaque profession mérite d’être saluée !

Aujourd’hui, on a rencontré Stéphanie, 41 ans et contrôleuse en qualité

Stéphanie habite à Bourges, dans le Centre-Val de Loire avec ses deux filles. Depuis 8 ans, elle est contrôleuse qualité en usinage dans le domaine de l’aéronautique.

Le parcours et les études de Stéphanie

Enfant, Stéphanie se voyait dans le social,  » Je voulais être éducatrice spécialisée… Mais on m’a obligée à faire un BAC scientifique, ce qui m’a refroidie niveau études.« , nous explique t-elle. Une fois le BAC en poche, Stéphanie décide alors de rentrer dans la vie active.

La jeune femme enchaîne les petits jobs, puis elle obtient son premier emploi comme vendeuse en boulangerie.  » J’y suis restée 5 ans avant de me rendre compte que je m’ennuyais. J’ai alors fait un bilan de compétences pour m’aider à me réorienter. Finalement à 27 ans, je reprenais mes études pour 1 CAP de tournage ( Je me suis retrouvée à poursuivre la tradition familiale vu que du côté de mon père, il y a des tourneurs à chaque génération).« 

Une chose n’arrivant jamais seule, la jeune femme tombe enceinte pendant son CAP,  » J’ai passé les épreuves en étant enceinte de 6 mois et en ayant une proposition d’alternance professionnel pour un BTS !  » Après avoir obtenu son BTS, Stéphanie travaille dans 2 entreprises pour se perfectionner en usinage, jusqu’à arriver à son poste actuel.

« On est les gentils vilains qui peuvent arrêter une machine si on voit que les défauts s’accumulent ! « 

Stéphanie travaille en 2×8 heures, elle commence à 5h ou 13h.  » Généralement, mes journées débutent toujours par la lecture de mes mails et les urgences à traiter. En effet, si la production est arrêtée car des pièces n’ont pas été contrôlées, c’est la première chose qu’il faudra régler !  »

Le travail de Stéphanie consiste à contrôler des pièces visuellement (vérifier qu’il n’y ait pas de défaut, pas de chocs, pas de rayures). « Dimensionnellement : on a un plan avec des côtes (longueur, largeur, symétrie, parallélisme…). On doit alors vérifier si tout est OK soit avec des appareils de mesure traditionnel (pied à coulisse, des jauges, des calibres. ). Ou alors avec une machine tridimensionnelle, machine sur laquelle on fait des programmes informatiques selon la pièce et qui la palpe. On doit aussi vérifier tous les documents accompagnant les pièces (les autocontrôles des opérateurs, les documents matière…) « , nous explique t-elle.

Si une pièce n’est pas bonne, Stéphanie doit la déclarer. En fonction du défaut, la contrôleuse qualité tente une réparation ou la jette. « On est un appui pour tous les opérateurs (on les aide à prendre des cotes, on cherche d’où proviennent les défauts) ainsi qu’aux méthodes (ceux qui sont responsables des pièces). On est les gentils vilains qui peuvent arrêter une machine si on voit que les défauts s’accumulent !  »

« La différence de salaire à poste égal est flagrante et il faut savoir s’imposer !

Dans son job, Stéphanie aime le fait que ce soit autant manuel qu’intellectuel, « C’est un job hyper intéressant et qui fait réfléchir. En effet, il faut un bon esprit d’analyse et ne pas avoir peur de se salir, autant à l’atelier qu’à un bureau. Je trouve également que le fait de ne travailler qu’avec des hommes est plus simple niveau relation. Mais bon, il faut aimer ne parler que mécanique et supporter les blagues potaches de ces messieurs… Sinon, la plupart du temps, vu que les femmes sont très minoritaires en usinage (3 femmes pour 100 hommes à peu près, dans mon atelier), on est quand même très épaulées et aidées. »

Toutefois, tout n’est pas toujours rose. « La différence de salaire à poste égal est flagrante et il faut savoir s’imposer ! Les horaires en 2×8 et le bruit des machines entraînent également beaucoup de fatigue. » En 2022, selon l’INSEE, à temps de travail égal, l’écart de salaire en équivalent temps plein (EQTP) entre femmes et hommes s’élevait à 15,5 %.

Les 5 qualités pour être contrôleuse qualité

Si Stéphanie veut évoluer dans son métier, il faudra qu’elle reprenne ses études pour devenir ingénieur et responsable qualité. Ce qu’elle envisage quand ses filles seront un peu plus grandes.

Concernant l’avenir du métier, Stéphanie est confiante, « Mais il nous faut des jeunes qui prennent la relève. Il nous faut des filles pour féminiser les ateliers ! On peine tellement à recruter. Alors que même sur une machine d’usinage, si tu t’investis, le travail est intéressant !« , confie t-elle. Selon l’INSEE, les femmes représentent moins de 30% des salariés de l’industrie.

La gestion financière de Stéphanie

La contrôleuse qualité gagne entre 2400 et 2600 euros par mois en fonction des heures supplémentaires qu’elle fait. Avec ses deux filles, elle habite dans une petite maison de 90m2. Elle a uniquement l’aide de la CAF pour ses filles. Concernant ses charges, Stéphanie paye 700 euros de crédit immobilier, 190 euros d’électricité, 60€ d’eau, 90 euros d’impôt foncier, 120 euros d’assurance, 70 euros de téléphone, course environ 150e/semaine, 20 euros de piscine, 200 euros d’essence et 50 euros de cantine professionnel.

 » Niveau loisirs, on ne se prive pas vraiment ! On se fait des cinés, concert, restaurants… Évidemment du shopping avec 2 filles à la maison. Et puis, aussi on part 1 a 2 fois en vacances par an !  » Stéphanie n’est pas dans le rouge à la fin du mois mais confie que cela pourrait être mieux. Elle avait constitué une épargne de 5000 euros qui a été utilisée pour l’achat de sa maison.

Stéphanie n’a pas envie de changer de métier. Au contraire, elle envisage de reprendre ses études pour évoluer et devenir responsable qualité. Aujourd’hui, ses projets sont de continuer à voyager avec ses filles et de découvrir le monde. Prochains voyages prévus ? La Crète et les USA !

* Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de notre frangine

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